Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la Reine (Queen’s Birthday) ! Enfin presque… L’anniversaire d’Elisabeth II est en fait le 21 Avril mais depuis 1936 l’Australie a décrété que ce serait plus simple de célébrer cet évènement le 2ème lundi de juin. Nous avions prévu un petit WE sur la côte mais le beau temps n’étant pas de la partie, nous nous étions résigné à faire un WE @ home. Abandonnant l’idée du pyjama, pantoufle pendant 3 jours… nous avons décidé vendredi de prendre la direction de l’Outback pour rechercher un peu de chaleur en ce début d’hiver qui s’annonce déjà frisquet. Direction l’Ouest, l’outback et le Parc National de Mungo !
800 km plus tard et un passage par Wagga Wagga, nous posons la tente dans un camping, juste à temps pour voir le XV de France se faire écraser par les Wallabies. Si les journées sont parfaitement ensoleillées, les nuits sont bien froides et nous ne regrettons pas d’avoir amené une bouillote !
Le lendemain, nous prenons la route pour le Mungo Lake. Pour la baignade, on repassera puisque le lac est asséché depuis environ 18 000 ans… Mince, moi qui avait pris mon maillot de bain. Non, ce qui nous a amené jusqu’ici, en dehors du soleil, des paysages, de la faune (kangourous et émeus, pour faire classique), de l’idée de faire 200 km de route non goudronnée, etc… c’est l’histoire du lieu et la possibilité de le découvrir avec les personnes qui l’ont habité.
C’est donc accompagné d’un guide aborigène que nous découvrons ce lieu classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
C’est la géologie particulière des lieux qui a permis de laisser une trace de l’Histoire. Les bords du lacs, qui ont aujourd’hui des allures de la planète Mars à cause de l’érosion conjointe de l’eau et du vent, dévoilent peu à peu leurs trésors.
Cette terre est en effet mondialement connue, enfin pour les experts, disons la communauté des paléontologues, pour être le lieu de découverte des plus vieux restes d’hominidés en Australie. Mungo Man (photo) aurait en effet vécu il y a 40 000 à 60 000 ans. A l’époque, l’Australie était peuplée d’animaux géants, la Mégafaune (voir une vidéo) : on y trouvait des kangourous de 3m, des varans jusqu’à 7m et 2 tonnes, des lions marsupiaux (à poche !) ou encore des wombats de plusieurs centaines de kilos. La vie n’a pas du être facile pour Mungo Man et Mungo Lady ! Dommage que nous ne puissions voir aucun de leurs squelettes qui sont gardés précieusement dans des musées ou rétrocédés aux aborigènes pour qui le retour des ancêtres dans leur terre importe beaucoup.
En 2003, lors d’une banale tournée d’inspection, un des rangers du parc est tombé sur des traces de pas. Il était loin de se douter que ces empreintes de pieds sont vieilles de 20 000 ans (photos) ! Sur les centaines d’empreintes, on trouve trois hommes qui chassent un kangourou, dont un était unijambiste.. Et vu l’espacement entre les empreintes DU pied… Il était grand et courait sacrément vite ! On devine aussi l’empreinte d’une femme qui portait une charge, peut être un enfant car elle a un pied qui s’enfonce plus que l’autre. Un merveilleux arrêt sur image ! Nous ne pourrons observer que la reproduction grandeur nature de ces empreintes dont la localisation reste secrète afin qu’elles persistent encore à travers les âges. (Vidéo suite) Durant la visite nous verrons tout de même, à même le sol, les restes d’un ancien foyer, des ossements de wombat et des restes de coquilles d’oeufs d’émeu datant d’il y a à peine 20 000 ans.
Nous écoutons attentivement les histoires contées par notre guide. En voici quelques unes :
- Les aborigènes de la région ont des animaux totems en fonction de leurs tribus. Cela a plusieurs conséquences pour eux : ils n’ont pas le droit de faire de mal à leur animal symbole (pas facile si vous êtes tombé sur l’émeu ou le kangourou gris qui sont prédominants dans le coin) et il est interdit de se marier avec quelqu’un du même symbole (ou comment faire de la génétique avant l’heure)
- Comment faire cuire un émeu et savoir quand il est à point ? Facile : une fois l’émeu tué, il suffit de lui fourrer l’estomac avec des feuilles d’eucalyptus, de faire un beau trou dans la terre, de l’y enterrer avec des pierres incandescentes, bien faire attention à garder la tête au dehors, de refermer le trou avec de l’argile et d’attendre que la vapeur sorte du bec de l’animal. C’est la cocotte minute de la préhistoire ! Implacable, la technique est encore utilisée de nos jours.
- Comment faire des oeufs brouillés pour le Brunch ? Déjà, il faut récupérer des oeufs d’émeu parce que la supérette du coin n’existe pas. Pas facile car les oeufs sont apparemment très bien cachés. La technique consiste donc à repérer les traces au sol d’un accouplement. Ensuite, suivre les traces. Pas si facile car ils font bien attention à marcher sur la pointe des pattes pour laisser le moins d’indices possibles. Enfin, ne prélever qu’une petite partie des oeufs et creuser avec un bâton pour ne pas laisser d’odeur quand le mâle ne couve pas, sinon il détruirait le reste de la couvée.
Nous avons aussi appris le petit manuel de survie dans le bush :
- Comment trouver de l’eau dans le bush australien ? Une bonne idée est de suivre les traces de kangourous qui finissent invariablement sur une source d’eau. Parfois, ils ont eux-même creusé une petite marre pour collecter les eaux souterraines ou de pluie.
- Comment se nourrir ? Il faut repérer des arbustes avec mini-fruits rouges dans les arbustes, sortes de tomates du bush. Et prendre son temps pour les ramasser la baie ne fait même pas 1 cm de circonférence !
- Comment se repérer ? Il faut avoir la tête vers les étoiles, mais nous y reviendrons…
Rassurez-vous nous n’avons manqué de rien !
Les histoires racontées par notre guide aborigène nous ont passionnés. A quand la visite d’une communauté ?
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2 Comments
😉 ça me rappelle tout à fait mon dernier séjour sur la planète Mars… belles photos en tout cas ! bisous
😀 Il faut que Voyager revienne car on a la même chose à la maison !